Nouvelle loi sur le tabagisme: fini la cigarette dans les parcs et terrasses

FUMÉE. À compter du 26 mai prochain, il sera dorénavant interdit de fumer sur les terrasses des restaurants et bars de Magog, comme partout au Québec, avec l’entrée en vigueur de nouvelles mesures concernant la loi sur le tabac.

Les fumeurs qui prendront un verre en prenant une «pof» de l’autre main risquent non seulement de recevoir une amende (250 $ à 750 $), mais ils exposent les propriétaires des lieux à une facture salée (500 à 12 500 $).

«L’obligation de faire respecter la loi revient à l’exploitant du lieu, qui doit tout mettre en œuvre pour s’en assurer, notamment par l’installation d’affiches», soutient Noémie Vanheuverzwijn du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Jouer à la police

Propriétaire du Pub du Pont à Magog, qui compte 300 places sur sa terrasse, Alain Roberge prétend que la loi est très sévère. Un juste milieu aurait été plus raisonnable à ses yeux en autorisant, par exemple, les établissements à délimiter un endroit réservé aux fumeurs. «Ça complique beaucoup notre travail et c’est certain qu’il y aura des impacts sur la business. Les gens qui fument ne viendront plus. Ils vont rester chez eux. Et généralement, les consommateurs d’alcool sont des consommateurs de tabac», explique l’homme d’affaires.

Au moment de l’entrevue, M. Roberge n’était pas aux faits de tous les éléments liés à la nouvelle loi, mais il sait déjà que les établissements seront surveillés de près. «Je trouve ça plate de faire la police, surtout envers des gens qui ne dérangent pas, mais c’est la loi, on doit la respecter. Mais ça ne sera pas toujours évident, surtout quand la terrasse sera bondée. Je ne peux pas passer ma soirée à surveiller tout le monde», fait-il remarquer.

Des conséquences directes à la «vapotteuse»

Si les restaurants et les bars appréhendent ce changement de cap, les commerces de cigarettes électroniques en subissent déjà les conséquences. Depuis le 26 novembre, la «vapotteuse» est soumise aux mêmes règles que les produits du tabac.

Chez Vape PurVapeur, qui a vécu ce changement législatif à sa première année d’existence, les ajustements ont été nombreux et loin d’être positifs. «Ça complètement changé notre manière de procéder, avoue le copropriétaire Pascal Bourgault. On n’a plus le droit de fumer à l’intérieur, donc les gens ne peuvent plus essayer nos produits avant d’acheter. Pour chaque client, il faut travailler plus fort pour les convaincre.»

Mais le plus difficile à accepter pour M. Bourgault a été de «barricader» la vitrine de son commerce pour ne pas que les produits soient visibles de l’extérieur. Une situation d’autant plus frustrante alors que la façade extérieure a été rénovée à gros prix. «Ça ne fait pas très accueillant et ça donne l’impression que c’est “underground”. Pourtant, on a une des plus belles boutiques du genre au Québec. Les gens osent moins entrer, certains pensent même que c’est fermé», constate-t-il.

Bien des questions dans les parcs

La Ville de Magog se penche sur ce dossier puisque l’interdiction de fumer sera aussi effective dans certains lieux publics sous sa responsabilité, dont les aires de jeux extérieurs pour les enfants et les terrains sportifs. La mairesse Vicki May Hamm admet que plusieurs questions demeurent sans réponse. «Un comité a été formé pour bien comprendre la situation et s’assurer de la bonne interprétation de la loi. Il y a aussi tout l’aspect de l’application qui mérite aussi des éclaircissements», admet Mme Hamm.

Dans les faits, ce sont les inspecteurs du MSSS qui sont responsables d’émettre des avertissements et des constats. Mais les Municipalités ont aussi le droit d’accorder ce pouvoir à la personne ou l’organisation de son choix. «Je ne pense pas que c’est une bonne idée de demander à nos inspecteurs municipaux, car cela engendrerait des coûts importants pour la Municipalité, avance-t-elle. Et je ne peux pas parler au nom de la Régie de police de Memphrémagog (RPM) à savoir si elle pourrait jouer ce rôle. Pour moi, la meilleure solution passe par la sensibilisation et le gros bon sens.»

Ayant arrêté de fumer en tombant enceinte, Vicki May Hamm salue l’initiative du gouvernement de vouloir protéger la santé des enfants face à la cigarette. L’interdiction de fumer dans un véhicule en présence d’une personne de moins de 16 ans est un exemple, selon elle, d’une nouvelle mesure qui est positive. Mais elle croit que d’autres vont un peu trop loin. «Ma mère m’a toujours dit que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Je me dis que si un fumeur ne dérange personne ou qu’il est seul sur une terrasse ou un terrain de baseball, pourquoi ne pas le laisser faire? Mon conjoint est fumeur et il fait toujours attention pour respecter ceux qui ne fument pas. Je pense que la loi ne sera pas toujours facile à appliquer», conclut-elle.

Rien de décider

Le directeur de la RPM, Guy Roy, reconnaît que les maires des Municipalités desservies par son service de police et lui n’ont encore eu aucune discussion à ce sujet. «Si on nous demande de le faire, on appliquera le règlement, mais on devra le faire selon les priorités sur le terrain. On a des effectifs limités, alors on ne peut pas être partout en même temps. Mais ça ne veut pas dire qu’on fermera les yeux pour autant», prévient M. Roy.